LES MISFITS / CARNETS DE ROUTE
À partir de 2011, je réalise mon premier projet avec comme sujet la danse. Deux ans à réaliser “Carnets de route”. C’est un moment décisif dans l'exécution de mon travail photographique. Une synthèse de huit années d’études passées à étudier l’image. “Carnets de route” c’est d’abord une histoire de rencontres. Celle d’un photographe qui se retrouve en immersion dans un groupe de danseurs.euses hip-hop. Un regard qui se promène sur le fil du hasard, toujours à la recherche de l’instant volé qui retranscrit au plus près la personnalité et les émotions de ceux qu’il essaye de comprendre. Les Misfits, ce sont douze personnes âgées de 18 à 24 ans, des jeunes passionnés par la danse et qui entrent tour à tour dans la vie active, ce sont douze histoires dans un groupe soudé comme les dix doigts de la main et guidé par celle d’un chorégraphe qui souhaite faire d’eux des professionnels. »
Ce premier reportage est le fruit du hasard. Début mai, je conditionne le muguet. Une de mes collègues de travail s’appelle Mathilde. Nous discutons de nos passions respectives. Elle, la danse. Moi, la photographie. Je lui explique que je suis à la recherche d’un projet photographique, et que le mouvement fait partie de mes thèmes. Elle me propose alors de l’accompagner elle et son groupe de danse lors d’un show à Paris. C’est le temps des premiers regards dans l’autocar et des tutoiements timides, je me retrouve entouré de ces visages que je ne connais pas encore. Toute occasion était bonne à prendre pour s’exercer; l’attente de l’autocar, un arrêt sur une aire d’autoroute. Certains d’entre eux se mirent à faire des pirouettes sur un trottoir, une espèce de figure sur le bitume suivi d’un vol plané dans les airs. Quelques jours plus tard, je commence à les accompagner, tout le temps, partout. Les entraînements, les shows, les battles, divers événements sur le territoire ou à l’étranger. La danse est omniprésente mais le but de mon reportage est d’aller plus loin que ce thème. Je me sers de la danse comme prétexte afin de mieux servir mon sujet principal: capturer l’essence d’une génération de jeunes hommes et de jeunes femmes tous aussi différents les uns des autres mais unis par une même passion. Au bout de quelques mois, Ils me disaient que le groupe était une famille et que j’en faisais désormais partie, eux se lançaient dans la danse et moi dans la photo, ils savaient que c'était notre histoire à tous que je voulais raconter.
En parallèle, nous réalisions des photographies de composition. Des images spontanées, prises sur le vif. Ce sont de courtes séances qui font danser les corps et la ville au hasard des déambulations communes.